Monday, April 27, 2009

Top 10 de Francis Ouellette

Francis Ouellette est chroniqueur à l'émission Le 7eme antiquaire de CHOQ.FM. Il sera également en studio pour débattre sur les Top 10.


Les Enfants du Paradis par Marcel Carné (1945)
Quand le cinéma devient pure poésie et que les passions humaines dans toute leur complexité sont disséquées. Pour moi, il est un sort, un rituel occulte. Quelque chose de profondément troublant y est exaltée. Je pense qu’une idée poignante, totale de la beauté et de l’art s’y trouve.


Seppuku par Masaki Kobayashi (1962)
La dissection du langage, du pouvoir, du contrôle dans un huis clos étouffant, typiquement nippon, d’un noir et blanc cinglant. Le personnage le plus moralement immense du cinéma avec Atticus Finch. En terme de puissance brute, de grincement du cœur, c’est mon premier grand bouleversement. Ce film a fait de moi un meilleur cinéphile.


2001: A Space Odyssey par Stanley Kubrick (1968)
L’expérience de cinéma la plus absolue de ma vie. Rien ne pourra le déloger. À mon sens, c’est le film le plus important jamais fait et une œuvre d’art essentielle qui invite à la contemplation et au recueillement. Pour moi, le spectre complet de l’expérience humaine est contenu dans 2001 et avec lui le cinéma avait atteint son paroxysme.


Hour of the Wolf par Ingmar Bergman (1968)
Mon préféré du réalisateur. Un film d’horreur total où les grands thèmes du maître sont déconstruits. Du Lynch avant l’heure; la folie, le mensonge de la réalité, l’Autre. Encore un film qui explore l’abysse comme seul le cinéma peut le faire.


The Night Porter par Liliana Cavani (1974)
Que l’horreur et le désir s’entremêlent si langoureusement dans un film, ça me sidère. Il m’a confirmé jusqu’à quel point le cinéphile est un voyeur qui vit pour explorer une obscurité où se cache des terribles beautés souterraines. En plus, c’est le seul univers féminin de ma liste. Avec Night Porter, j’apprenais à balancer mes propres zones d’ombre.


Network par Sidney Lumet (1976)
Aucun film ne m’a autant stimulé intellectuellement que celui-là. L’équilibre de tous les éléments permettant l’alchimie du cinéma y est aussi consternant que celui de Citizen Kane. J’aime que mon cinéma soit une bombe pleine de maximes inoubliables. Tellement visionnaire.


The Last Wave par Peter Weir (1977)
Quelque chose d’indicible se cache dans ce film : un ambiance chargée de désespoir. L’ancien, le primitif vient hanté le 7ème art. Le film me rend totalement inconfortable et hypnotisé. Tout y est tellement décalé. C’est un autre film profondément seul, mélancolique.


Jacob’s Ladder par Adrian Lyne (1993)
Aucun film ne m’a autant effrayé. Il me fait le même effet à ce jour. Je le considère parfait dans son horreur, mais profond et sage. Je trouve que l’expérience de ce film est si profonde que les cauchemars qui y sont exaltés se sont gravés en quelque part dans mes propres songes. Ce film me fait m’interrogé sur un mystère, parce que lui-même en possède une immense, celui de l’âme.


Mazeppa par Bartabas (1993)
J’aime que ce film soit dans ma liste parce qu’il est le seul de cette nature et qu’il est profondément unique, au sens le plus absolu que peut prendre le mot. Une œuvre baroque et violente, faite par un non-réalisateur, inégale et chaotique, onirique. Son arrogance n’a d’égale que son élégance.


Gummo par Harmony Korine (1997)
Son effarante laideur en fait à mon avis un des plus importants films modernes. Il y avait une volonté d’aller dans une zone nouvelle avec ce film et de pousser l’enveloppe du répugnant, du régressif. Dans son nihilisme plein de puanteur, ce film est assez drôle. Il nous montre sans fard les petites merdes hurlantes que nous sommes et à quel point notre peur de la mort, de la solitude nous rend si pathétique que nous en devenons drôles.

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